Mira Missirian [elle]
Doctorat en littérature, option littérature comparée et générale
Codirection : Barbara Agnese et Robert Schwartzwald
Titre provisoire de la thèse : L’écriture de la perte chez Krikor Beledian et Vahé Godel : héritages de l’absence et restitutions imaginaires de la diaspora arménienne
Contact : mira.missirian@umontreal.ca
Résumé de la thèse
Souvent abordée à partir d’une approche historique, politique, sociologique ou psychanalytique, la mémoire du génocide arménien de 1915 fait pourtant peu souvent l’objet de recherches littéraires. Alors que la reconnaissance du massacre d’un million et demi d’Arménien·ne·s de l’Empire ottoman fait encore, près de 110 ans après les événements, l’objet de débats et de contestations violentes– notamment par la Turquie, mais aussi par l’Azerbaïdjan, le Pakistan et Israël – les écrits des personnes survivantes et de leurs héritières et héritiers abondent, sans toutefois être considérés autrement que comme des documents historiques relevant du témoignage.
Cette thèse explore la production littéraire de la diaspora arménienne après le génocide, et plus précisément, les mécanismes de transmission mémorielle au sein des deuxième et troisième générations d’héritières et héritiers au Liban, en France et en Suisse. S’appuyant sur les œuvres de l’écrivain et critique littéraire franco-libanais d’origine arménienne Krikor Beledian (né à Beyrouth en 1945) et du poète et traducteur arméno-suisse Vahé Godel (né à Genève en 1931), cette recherche examine comment leurs textes respectifs dépeignent les dynamiques identitaires et les failles mémorielles au cœur de la diaspora arménienne. Tandis que dans Seuils (2012) et L’Image (2021), Beledian met en lumière l’importance de la photographie et de l’écriture dans la restitution d’un passé familial et collectif douloureux, dans Ruelle des Oiseaux (1999) et Fragments d’une chronique (2001), Godel illustre l’hybridité identitaire constitutive de l’expérience héritière arménienne : celle d’être chez soi partout et nulle part en même temps.
Le projet aborde ainsi plusieurs questions centrales, dont : la portée du négationnisme sur l’expérience héritière arménienne; l’importance de l’oralité et de la photographie dans la reconstitution d’un passé familial; et le rôle de l’écriture et des figures féminines ou maternelles dans la conservation de la mémoire arménienne.