Résumé de la thèse

Ma thèse a pour but d’examiner différents textes littéraires et films créés par des descendantes et descendants de troisième génération de victimes et de persécuteurs de la Deuxième Guerre mondiale. Je m’intéresse aux différentes médiations qui articulent, au sein de ces objets, la mémoire familiale et collective leur étant transmise de génération en génération. Trois médiations structurent ainsi mon analyse. La première touche aux témoignages : les descendantes et descendants de troisième génération n’ont pas un accès direct à l’expérience de leurs ancêtres; il s’agit alors de réfléchir à la manière dont cette mémoire a été en partie façonnée par le processus de transmission qui s’effectue à partir des témoignages, des discussions, mais aussi des silences entre les générations. 

La deuxième médiation, celle des archives, me permet de réfléchir à l’utilisation faite par les descendantes et descendants des archives dans leur texte et leur film. En tenant compte du fait que les archives existent dans des milieux médiatiques où se jouent des dynamiques distinctes de légitimation et de production de savoir, j’examine leur rôle de médiation entre le passé familial et collectif et le présent de la descendante et du descendant. La dernière médiation est celle générée par les médias eux-mêmes. L’objet textuel et l’objet filmique, avec ses spécificités matérielles, techniques et formelles, constitue en effet un ultime intermédiaire entre la mémoire familiale et collective et sa reconstruction par la descendance. Chaque média, en ce sens, intègre des structures et des possibilités qui lui sont propres et qui déterminent son utilisation et sa réception. 

Cette structure me permet d’analyser un corpus composé de deux textes et deux films documentaires : The Lost (2006) de Daniel Mendelsohn, Mais en quoi suis-je concerné ? (2017) de Sacha Batthyány, L’héritier (2016) d’Edith Jorisch et Memory is our Homeland (2018) de Jonathan Durand.