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Patrice Giasson, doctorat en littérature comparée

Conservateur au Neuberger Museum of Art, et professeur à la State Univeristy of New York

J’y ai appris qu’il ne fallait pas avoir peur de visiter d’autres départements, de parler aux professeur.e.s, d’assister aux conférences, de prendre la parole, de publier et de participer aux activités étudiantes.

Niché dans les plaines du Nord-Est américain, le collège Purchase de l’Université d’État de New York constitue à bien des égards un absolu artistique et un environnement de travail tout trouvé pour Patrice Giasson.

Conservateur au Musée d’art Neuberger, il se trouve au cœur même d’un campus consacré aux liberal arts, à quelques mètres à peine d’édifices entièrement voués à l’enseignement des arts visuels, de la musique, des sciences humaines, des arts de la scène et de la danse.

« Pour parler franc, je me sens très heureux où je suis présentement. Et si j’ai un souhait, c’est que la passion et la volonté d’entreprendre de nouveaux projets demeurent toujours vivantes et, surtout, que je puisse continuer à transmettre cet engouement aux étudiants », affirme celui qui enseigne également l’histoire de l’art sur le campus.

Du reste, Patrice Giasson sait maximiser le potentiel multidisciplinaire que présente son environnement, en jumelant séminaires, cours traditionnels, colloques, ateliers et cours de maîtres aux expositions du Musée.

Le double diplômé de l’UdeM cherche de cette manière à dilater l’œil averti des étudiants, qui ne manque pas d’exercer leur esprit critique en matière artistique. « L’art doit provoquer des réactions chez le spectateur et ces échanges avec les étudiants sont fondamentaux, explique-t-il. Ils apportent souvent un regard nouveau sur les objets et n’ont pas peur de poser les "bonnes" questions. Cela me permet de comprendre ce que les visiteurs ressentent et de savoir si l’exposition fonctionne ou pas. »

Patrice Giasson s’affaire également à donner des lettres de noblesse pleinement méritées à l’art latino-américain, qu’il soit précolombien, postrévolutionnaire ou contemporain. Le Franco-ontarien d’origine a d’ailleurs consacré son mémoire et sa thèse à ces thématiques, en plus d’obtenir au passage une maîtrise en études méso-américaines de l’Université nationale autonome du Mexique.

De plus en plus il constate une progression de l’intérêt et de l’influence de la culture latino-américaine aux États-Unis, où le nombre d’hispanophones a doublé au cours des deux dernières décennies. « Les gens apprennent davantage l’espagnol, les grands écrivains latino-américains viennent présenter leurs livres à New York et il y a une présence accrue de collectionneurs d’art et d’expositions liées à cette culture dans les plus importants musées américains », fait-il savoir.

À ce titre, Patrice Giasson a organisé en 2010-2011 deux expositions extrêmement bien accueillies, tant par le public que la critique, présentant les créations des artistes mexicains Betsabeé Romero et Nicolás de Jesús. En 2012, il a également participé à une exposition du Musée Neuberger dans la capitale new-yorkaise, retraçant 50 ans d’art latino-américain. Pour l’heure, le conservateur travaille à la mise en œuvre d’une exposition intitulée Pre-Columbian Remix: The Art of Enrique Chagoya, Demián Flores, Rúben Ortiz-Torres, and Nadín Ospina.

Malgré des projets sans cesse renouvelés et un emploi du temps chargé, Patrice Giasson garde toujours en mémoire l’empreinte multidisciplinaire que lui a laissée son passage à l’UdeM.

« La qualité de l’enseignement dispensé au Département de littérature comparée offre une vision très large et à la fois approfondie du savoir, donnant accès à tous les continents, et prônant le plurilinguisme et l’ouverture. J’y ai appris qu’il ne fallait pas avoir peur de visiter d’autres départements, de parler aux professeurs, d’assister aux conférences, de prendre la parole, de publier et de participer aux activités étudiantes. En d’autres mots, de vivre pleinement sa vie d’étudiant. »

À travers un horizon décloisonné, Patrice Giasson est donc en mesure de donner vie et perspective à la grande variété des arts et littératures d’Amérique latine.

« Nous vivons dans une société de plus en plus utilitaire et l’enseignement en souffre aussi beaucoup. C’est aussi ce virage vers la "technicalité" et l’utilitaire qui affaiblit les sciences humaines en général. Dans une époque dictée par l’argent plusieurs se demandent maintenant des questions aussi navrantes que : "À quoi sert la philosophie?" ou "Pourquoi faire des arts et de la littérature?". Je pense cependant, comme dirait Alain Badiou, "qu’il ne faut pas céder" et poursuivre l’élan de nos désirs. »