En lançant Mitig, la Semaine autochtone de l'Université de Montréal, le 21 septembre, le recteur Guy Breton a rappelé la présence millénaire des Premières Nations en Amérique. «Quand j'entends dire que nous sommes tous des immigrants, je tiens à rectifier les choses. Il y avait des gens ici avant l'arrivée des Européens!» a-t-il mentionné devant une assemblée réunissant le ministre responsable des Affaires autochtones du gouvernement du Québec, Geoffrey Kelley, et une cinquantaine de convives au pavillon Lionel-Groulx.
L'histoire de l'Amérique ne débute pas en 1492 mais des milliers d'années plus tôt, a déclaré quant à lui le chef des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard. Il s'est dit très heureux de voir les études autochtones faire leur entrée à l'Université de Montréal. «Au point où j'ai envie de retourner aux études», a-t-il ajouté.
La doyenne intérimaire de la Faculté des arts et des sciences, Tania Saba, l'a invité à joindre le geste à la parole en s'inscrivant à l'un des nouveaux programmes d'études lancés par le Département d'anthropologie. Une mineure et un module en études autochtones ont accueilli leurs 21 premiers étudiants à la rentrée de l'automne et les inscriptions sont en cours pour le trimestre d'hiver. Le Département de littératures et de langues du monde travaille de son côté à mettre sur pied un diplôme d'études supérieures spécialisées sur les récits autochtones.
Initiatrice de cette nouvelle offre pédagogique, Marie-Pierre Bousquet, professeure au Département d'anthropologie et spécialiste des Algonquins, s'est réjouie de la participation de plusieurs départements et facultés à la réalisation d'un objectif commun. «On dénombre actuellement 350 millions d'autochtones dans le monde et ces gens sont au centre des transformations de l'humanité», a-t-elle commenté.
Accueillis par la musique du groupe autochtone Buffalo Hat Singers, fondé par l'Anichinabé Norman Achneepineskum, les invités ont assisté à un récital de poésie chantée par Nicole O'Bomsawin, une Abénaquise diplômée universitaire en muséologie et anthropologie qui a obtenu en 2011 un doctorat honoris causa de l'Université de Montréal. Mme O'Bomsawin a souhaité voir de nombreux autochtones acquérir une formation universitaire. «Même s'ils risquent de se perdre dans les corridors comme cela m'est arrivé quand j'ai entamé mon parcours d'étudiante!» a-t-elle évoqué.
Elle a terminé son discours en faisant référence à ses mocassins, fabriqués par les artisans de sa nation. Elle les a enfilés en pensant aux futurs étudiants en anthropologie d'origine autochtone. «Mets tes mocassins et marche!»
Mathieu-Robert Sauvé